mercredi 30 mai 2007

Quelques définitions

Ces définitions s'appliquent à la peinture d'Europe occidentale principalement pour les XIIIe, XIVe et XVe siècles.
  • Diptyque : (du grec diptukhos : deux plis) Tableau généralement de format réduit, constitué de deux volets articulés, de formes et dimensions identiques. Ex : Diptyque de Melun.
  • Fronton : Partie triangulaire couronnant l'ordonnance architecturale d'une pala ou d'un retable rectangulaire vertical.
  • Gâble : Fronton triangulaire, généralement assez pointu, surmontant un panneau avec arcade.
  • Icône : Dans l'art Byzantin, panneau unique contenant une image de dévotion peinte ou en mosaïque. Dans l'art occidental, peut désigner le même panneau peint ou émaillé.
  • Lunette : Fronton curvilique en "demie-lune".
  • Pala d'altare : (de l'italien paleste : visible, évident) Au XVe siècle, tableau d'autel de grandes dimensions dont la surface picturale du corps principal est unifiée. Ex : Pala Montefeltro.
  • Pinacle : Dans un polyptyque, désigne soit le clocheton ornemental cantonnant les panneaux du couronnement, soit la partie supérieure de forme triangulaire ou gâblée placée au-dessus de chaque panneau du registre principal. L'ensemble des pinacles constitue le registre supérieur d'un retable.
  • Prédelle : (de l'italien predella : planche) Partie inférieure horizontale peinte, constituant généralement le socle du retable. Peut être d'un seul tenant ou formé de plusieurs éléments.
  • Retable : (du latin retra : en arrière, et tabula : table) Dans un édifice religieux, tableau de grande ou moyenne envergure placé sur la table d'autel et en retrait de celle-ci. Le retable peut être peint, sculpté ou les deux à la fois et revêt des formes diverses selon les régions et l'époque de sa création.
  • Triptyque : (du grec triptukhos) Polyptyque comportant trois panneaux dans sa largeur. Peut être un grand tableau d'autel ou un petit objet de dévotion privé. Ex : Triptyque de Miraflores.
D'après le catalogue Polyptyques (voir bibliographie).

vendredi 18 mai 2007

Jean Fouquet : Le Diptyque de Melun

Panneau de droite, vers 1450.
Estienne Chevalier présenté par St Etienne.
Berlin, Staatliche Museen.

Panneau de gauche, vers 1452-55.
Vierge à l'enfant, sous les traits d'Agnès Sorel (dite La Vierge d'Anvers)
Anvers, Koninklijk Museum voor Schone Kunsten.

Nicolas Froment : Le Triptyque de la Résurrection de Lazare

1461
Florence, Offices.

Enguerrand Quarton : La Vierge de miséricorde


1452-53
Chantilly, Musée Condé.

Enguerrand Quarton : Le Couronnement de la Vierge

1454
Villeneuve-lès-Avignon, Musée municipal.

Enguerrand Quarton : Pietà de Villeneuve-lès-Avignon


Vers 1455.
Paris, Louvre.

Une interprétation très originale du thème de la Pietà

La représentation de la Vierge portant sur ses genoux le corps de son fils mort (Vierge de Piété ou Pietà) est l’un des thèmes les plus répandus en Europe au XVe siècle, en peinture comme en sculpture. Il est associé ici à celui de la Lamentation. Au centre, la Vierge, le visage vieilli par la souffrance et les mains jointes, semble s’être résignée au sacrifice du Christ. C'est sans doute elle qui prononce les paroles, tirées des Lamentations du prophète Jérémie (Lam. I, 12) gravées sur le pourtour du fond d’or. Le corps arqué de son Fils décrit une longue arabesque, la chute de son bras droit faisant écho à celle de ses jambes. Saint Jean l'Evangéliste, l’apôtre préféré, retire délicatement, de ses doigts effilés, la couronne d’épines de la tête du Sauveur et Marie-Madeleine, les cheveux épars, un vase à parfums dans la main, sèche ses larmes. Le mystérieux donateur figuré en marge du tableau sur la gauche à la même échelle que les personnages sacrés, un chanoine reconnaissable à son surplis blanc et à l'aumusse portée sur le bras gauche, ne participe pas au drame sacré mais en a une vision toute intérieure.

La fortune critique du tableau
Aucun document ne nous renseigne sur l’auteur, la date et l’emplacement d’origine de ce chef d’œuvre de la peinture européenne du XVe siècle. Le premier à avoir attiré l’attention sur lui fut Prosper Mérimée, alors jeune inspecteur des Monuments historiques, qui le découvrit en 1834 dans une chapelle obscure de l’église paroissiale de Villeneuve-lès-Avignon. Il souleva l’admiration du public à l’Exposition des Primitifs français, organisée à Paris en 1904, et l’année suivante, la Société des Amis du Louvre en fit l’acquisition pour le donner au musée. C’est Charles Sterling, l’un des meilleurs connaisseurs de la peinture de cette époque qui proposa de le dater vers 1455 et avança en 1959 le nom d’Enguerrand Quarton, aujourd’hui accepté par la plupart des spécialistes.

E. Quarton, une des grandes figures de la peinture française du XVe siècle
Originaire du diocèse de Laon en Picardie, Enguerrand Quarton ne nous est connu que par son activité en Provence, attestée de 1444 à 1466. La définition de sa personnalité artistique s’est opérée à partir de deux tableaux admirables, la Vierge de Miséricorde (Chantilly, musée Condé) et le Couronnement de la Vierge (Villeneuve-lès-Avignon, musée) dont la paternité est prouvée par deux contrats de commande, passés respectivement en 1452 et en 1453 entre le peintre et son commanditaire. Par comparaison avec ceux-ci, lui ont été attribués d’autres panneaux peints et enluminures. L’ordonnance monumentale de ses compositions, l’élégance de ses rythmes linéaires, si frappants dans la Pietà, lui viennent peut-être de sa formation dans le Nord de la France, au contact des cathédrales gothiques et des ateliers d’enlumineurs. Sans doute a-t-il vu non loin de là des témoignages du nouvel art flamand, incarné par les frères van Eyck et à son arrivée en Provence des exemples de peinture siennoise du siècle passé comme des tableaux italiens plus « modernes ». De ces diverses influences est né un style résolument personnel, mariant un sens aigu du réel et une volonté décorative.

Source : Musée du Louvre (site web)

lundi 14 mai 2007

L'Annonciation

Evangile selon Saint Luc, I.

26- Au sixième mois, l'ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth,
27- auprès d'une vierge fiancée à un homme de la maison de David, nommé Joseph. Le nom de la vierge était Marie.
28- L'ange entra chez elle, et dit: Je te salue, toi à qui une grâce a été faite; le Seigneur est avec toi.
29- Troublée par cette parole, Marie se demandait ce que pouvait signifier une telle salutation.
30- L'ange lui dit: Ne crains point, Marie; car tu as trouvé grâce devant Dieu.
31- Et voici, tu deviendras enceinte, et tu enfanteras un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus.
32--Il sera grand et sera appelé Fils du Très Haut, et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père.
33- Il règnera sur la maison de Jacob éternellement, et son règne n'aura point de fin.
34- Marie dit à l'ange: Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d'homme?
35- L'ange lui répondit: Le Saint Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très Haut te couvrira de son ombre. C'est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu.
36- Voici, Élisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un fils en sa vieillesse, et celle qui était appelée stérile est dans son sixième mois.
37- Car rien n'est impossible à Dieu.
38- Marie dit: Je suis la servante du Seigneur; qu'il me soit fait selon ta parole! Et l'ange la quitta.

dimanche 10 décembre 2006

Le Polyptyque de Gand : Historique

6 mai 1432 : Inauguration du polyptyque.

23 avril 1458 : Philippe le Bon, protecteur de Van Eyck, fait sa "Joyeuse Entrée" à Gand. A cette occasion, on organise un tableau vivant reconstituant le polyptyque.

10 avril 1521 : Albrecht Dürer voit le retable, qui le frappe d'admiration.

Septembre 1550 : Nettoyage du polyptyque. Probable ajout, dans le décors du panneau du Sacrifice de l'Agneau, de la tour d'Utrecht.

1557-1559 : Philippe II d'Espagne fait copier le retable par M. Coxcie, qui la réalise en 2 ans. Cette copie est aujourd'hui éparpillée entre Bruxelles, Berlin et Munich.

Août 1566 : Début de la furie iconoclaste des calvinistes. Quand ceux-ci approchent de Gand, le retable est caché dans la tour de la cathédrale et échappe ainsi à la destruction quand les calvinistes investissent la cathédrale et saccagent toutes les images qu'ils trouvent. Après leur départ, le retable est placé à l'Hôtel de Ville. Cette même année, il manque d'être acheté par la reine d'Angleterre Elizabeth Ière.

1584 : Le retable est replacé dans la cathédrale St Bavon, et retrouve en 1587 sa chapelle d'orignie.

1663 : Nouveau nettoyage.

17 juin 1781 : L'empereur Joseph II, choqué par la nudité des figures d'Adam et Eve, fait retirer les deux panneaux. Ils disparaitront pendant près d'un siècle.


Août 1794 : Les quatre panneaux centraux (Agneau et Déesis) sont emportés à Paris par les républicains.

avril 1799 : Ces quatre panneaux sont exposés avec d'autres oeuvres confisquées dans la grande galerie du Louvre (Musée Central des Arts). A Gand, les panneaux restant (Adam et Eve manquent toujours) sont cachés à l'Hôtel de Ville. Denon (directeur du Musée Central des Arts) tente en vain de les obtenir.

1816 : Les administrateurs de l'Eglise vendent les volets à un marchand de Bruxelles, qui les revend à Aix-la-Chapelle. Les panneaux centraux reviennent à Gand et sont placés sur le Maître-Autel.

1821 : Le musée de Berlin achète les volets à Aix-la-Chapelle.

11 septembre 1822 : Un incendie dans la cathédrale endommage les panneaux qui y restaient. Un certain Lorent assure leur restauration entre 1825 et 1828.

1858-1859 : Nouvelle restauration des panneaux de Gand par Donselaer.

1861 : On retrouve les panneaux Adam et Eve. Ils sont achetés par l'Etat Belge et placés au Musée des Beaux-Arts de Bruxelles.

1920 : Suite au Traité de Versailles, Berlin restitue les volets à la Belgique. Le polyptyque est reconstitué et replacé à St Bavon.

11 avril 1934 : Le panneau St Jean-Baptiste/Juges Intègres est volé. Le voleur dépose la face St Jean-Baptiste dans le casier d'une consigne de gare et donne la référence à la police, afin de prouver qu'il détient l'autre face. Il veut faire racheter son butin par la Belgique au prix fort, mais l'Etat refuse, et le panneau disparaît. Le voleur ne révèlera jamais ou sont cachés les Juges Intègres, emportant son secret dans la tombe. Le panneau original n'a toujours pas été retrouvé. Il a été remplacé par une copie effectuée entre 1943 et 1944.

1940 : Devant l'avancée de l'armée allemande, le retable est envoyé et caché en France, à Pau.

Août 1942 : L'armée allemande récupère le polyptyque, probablement sur décret du gouvernement de Vichy.

8 mai 1945 : Des troupes américaines découvrent dans une mine de sel une importante quantité d'oeuvres spoliées par les nazis, dont le Polyptyque de l'Agneau Mystique. Il réintègre St Bavon en octobre 1945.

1950-1951 : Restauration par A. Philippot, sous la direction de P. Coremans.

Source : Tout l'oeuvre peint des frères Van Eyck, Flammarion.

Le Polyptyque de Gand : Schéma légendé



1. Adam
2. Eve

3. L'offrande de Caïn et Abel
4. Le meurtre de Caïn par Abel

5. La sibylle d'Ertyhrée
6. La sibylle de Cumes

7. Le prohète Zacharie
8. Le prophète Michée

9 à 12. L'Annonciation

13. Le donateur
14. St Jean-Baptiste en grisaille
15. St Jean Evangéliste en grisaille
16. L'épouse du donateur

17. L'agneau s'offrant en victime

18. Les juges intègres
19. Les Chevaliers du Christ
20. Les ermites
21. Les pèlerins

22. Anges chanteurs
23. Anges Musiciens

24. La Vierge
25. St Jean-Baptiste
26. Dieu Père

dimanche 3 décembre 2006

Fra Angelico : La Pala Strozzi


Dite aussi parfois "Pala de la Sainte Trinité"
Florence, Museo San Marco
v. 1437-1440

La prédelle et les pinacles ont été peints par Lorenzo Monaco, qui mourra avant de terminer le retable complet. C'est l'Angelico qui termine, en réalisant le panneau central et la décoration des piliers.
Je n'ai pas réussi à trouver de reproduction de la prédelle, ce même malgré le fait de l'exposition Lorenzo Monaco à Florence en 2006... http://www.lorenzomonaco2006.it/